Tendance des fusions et acquisitions : inflation, prêts et ESG
Tendance des fusions et acquisitions : inflation, prêts et ESG
Article de Jeff Zolkin de Stout dans le rapport de ventilation des activités des sociétés de capital-investissement des États-Unis du premier trimestre 2022 publié par PitchBook.
Ces Q&R ont été publiées dans le cadre du rapport de ventilation des activités des sociétés de capital-investissement des États-Unis du premier trimestre 2022 publié par PitchBook et sponsorisé par Stout.
Que voyez-vous en termes de multiples et d'activité de négociation dans un contexte macroéconomique mondial incertain et volatil ?
La plupart des fournisseurs de capitaux semblent conscients et préoccupés par la volatilité des marchés résultant de la guerre en Ukraine et de la hausse des taux d'intérêt. Cependant, pour l'instant, ces groupes sont dans une position où ils doivent vraiment continuer à faire comme si de rien n'était. Avec la confluence de ces événements et la hausse active des taux par le Federal Reserve Board, de nombreux prêteurs et fonds de crédit sont considérés comme offrant une couverture naturelle à la hausse des taux, en raison de leurs structures de taux flottants. En conséquence, ces prêteurs et ces fonds continuent d'attirer de nouveaux capitaux significatifs, et tant d'argent a afflué dans ces fonds qu'il existe une obligation claire de les faire fructifier.
Comment vos clients abordent-ils les aspects de la due diligence périodique et les projections de coûts dans cet environnement inflationniste ? Comment envisagent-ils la hausse des coûts sur le marché du travail et autres coûts des intrants ?
Toutes les entreprises que nous suivons essaient de mieux comprendre comment elles seront touchées par les prix actuellement élevés de la main-d'œuvre, des matières premières et du transport, et de savoir si ces pressions sur les prix sont transitoires ou à plus long terme. L'impact sur les marges n'est pas seulement un facteur d'augmentation des coûts des intrants. La volatilité de la chaîne d'approvisionnement oblige les entreprises à maintenir des niveaux de main-d'œuvre supérieurs à la normale tout en étant toujours affectées par le besoin accru d'heures supplémentaires. Le manque de visibilité sur la planification a transformé ce qui serait normalement considéré comme un coût variable en un coût semi-variable. En conséquence, les entreprises ont de plus en plus de mal à fournir des projections précises.
Comment les sponsors envisagent-ils l'évolution de leurs propres sociétés de portefeuille dans cet environnement ? S'attendent-ils à tenir plus longtemps ou à utiliser des voies de sortie alternatives ?
Bien que l'activité commerciale continue d'être très forte, de nombreux sponsors avec lesquels nous travaillons prévoient des périodes de détention plus longues pour les sociétés de leur portefeuille. La volatilité des performances de plusieurs entreprises (y compris les retards de la chaîne d'approvisionnement, les irrégularités de la main-d'œuvre, les pénuries de puces, l'augmentation des coûts des matières premières et du transport, et même, inversement, la « bosse COVID-19 ») fait de l'évaluation un défi. La capacité de ces entreprises à présenter au marché des tendances de performance significatives est essentielle pour maximiser la valeur lors d'une vente. L'établissement de ces tendances prendra du temps et nous pourrions assister à un flou qui risque de se prolonger. Du point de vue du financement, nous constatons la nécessité pour les sponsors de planifier des capitaux à plus long terme et d'avoir de quoi soutenir les acquisitions et les dépenses en capital à venir. Les facilités de crédit renouvelables extensibles, les exclusions pour le financement d'équipements, les solutions de couverture ou les capacités de cautionnement/sûreté flexibles qui pouvaient auparavant être couvertes avec des solutions de fortune en raison de périodes de détention plus courtes nécessitent désormais des structures et une planification plus réfléchies pour éviter les goulots d'étranglement potentiels pour la croissance.
Quel est l'impact de l'environnement actuel des transactions sur les marchés des prêts ?
Le niveau des fusions et acquisitions et le volume des transactions ont été si élevés au cours des dernières années que les prêteurs boivent directement à la pompe à incendie. Les prêteurs voient plus d'accords dirigés par des fonds de capital-investissement que jamais auparavant. Étant donné que de nombreuses sociétés de capital-investissement essaient de déployer plus de capital par transaction et de recourir moins à l'endettement, les prêteurs voient généralement des crédits de meilleure qualité que par le passé. Par conséquent, il est très difficile de trouver des prêteurs sur le marché qui évalueront le risque. C'est l'une des raisons pour lesquelles des groupes comme Stout, qui entretiennent des relations significatives et qui sont en mesure de trouver des prêteurs qui évalueront le risque, deviennent de plus en plus pertinents pour les sociétés de capital-investissement et les entreprises qui ont besoin de capital, mais qui ont un « historique » ou un « risque » devant être expliqué au marché. Et, naturellement, cette capacité est encore plus précieuse si les marchés connaissent un quelconque ralentissement.
Y a-t-il des tendances sur le marché que les sociétés de capital-investissement devraient surveiller ?
En ce qui concerne les prêts, nous avons évolué jusqu'ici dans un environnement où les sociétés de capital-investissement étaient la plupart du temps en mesure d'obtenir une marge de manœuvre importante sur leurs clauses de prêt. Nous pensons qu'aujourd'hui de nombreuses sociétés de capital-investissement ne tiennent probablement pas compte de l'impact qu'elles subissent à cause de la « dérive » des clauses de sauvegarde. Au fur et à mesure que les multiples d'achat sont poussés à des niveaux de plus en plus élevés, il s'en suit que les entreprises recevant ces multiples élevés doivent croître plus rapidement que les entreprises aux multiples inférieurs. Cependant, le tampon que les prêteurs accordent sur les clauses restrictives n'augmente généralement pas, et l'association d'une croissance projetée et d'un tampon fixe pourrait bien créer un problème dans le futur. Par exemple, une entreprise dont la croissance attendue est de 10 % et pour laquelle le prêteur a stipulé des clauses de sauvegarde avec un tampon de 25 % par rapport aux projections aura complètement absorbé ce tampon dans les trois ans. Même si le prêteur accordait un tampon de 30 %, cette même entreprise disposerait en réalité d'un tampon d'un peu plus de 5 % après trois ans. Bien qu'une économie forte puisse masquer ce problème, tout coup dur, ralentissement du marché ou même simplement la prolongation d'une période de détention peut exposer le portefeuille d'une société de capital-investissement à un risque important. Nous sommes toujours particulièrement attentifs à des problèmes tels que la « dérive des covenants » (« covenant creep » en anglais), car notre objectif est d'essayer de trouver des solutions covenant-lite ou flexibles pour donner aux entreprises une protection adéquate en cas d'incidents de parcours sur le marché. Bien que les solutions covenant-lite soient courantes pour les entreprises dont l'EBITDA est supérieur ou égal à 50 millions de dollars, nous pensons que notre capacité à apporter ces types de solutions aux entreprises du marché intermédiaire et intermédiaire inférieur est unique.
De quels types de changements avez-vous été témoin sur le front ESG (environnement, social et gouvernance d'entreprise) ?
L'ESG revêt de plus en plus d'importance pour les entreprises, les sociétés de capital-investissement et les prêteurs. Alors que les entreprises adoptent les valeurs ESG et que des fonds de capital-investissement axés sur l'ESG sont apparus au cours des dernières années, les prêteurs réservent désormais des allocations plus importantes aux secteurs ESG. Un certain nombre de prêteurs allouent désormais 10 % ou plus de leurs portefeuilles aux crédits répondant aux valeurs ESG. L'attention accrue des prêteurs à ces secteurs a eu un effet positif sur plusieurs fonds de capital-investissement qui étaient autrement indifférents à ces principes. Pour identifier et sécuriser davantage d'opportunités ESG, certains prêteurs offrent des niveaux plus élevés de structure et de flexibilité tarifaire. En conséquence, les fonds de capital-investissement regardent les opportunités ESG avec un intérêt accru, car elles savent que moyennant un peu d'ingénierie financière, il est possible de revoir le soutien à la baisse ou, potentiellement, d'améliorer les rendements. Nous passons du temps avec les prêteurs et les fournisseurs de capitaux pour garder un œil sur les sociétés entièrement conformes aux valeurs ESG et qui celles qui ont encore du chemin à faire. Notre capacité à mettre en relation des sociétés de capital-investissement qui envisagent des transactions ESG avec des prêteurs en mesure de leur allouer des capitaux peut souvent conduire à des solutions d'emprunt très intéressantes.