Comment communiquer avec votre prêteur dans les moments difficiles

Comment communiquer avec votre prêteur dans les moments difficiles

Une communication rapide avec les créanciers et une aide extérieure aideront votre entreprise à survivre.

May 01, 2017

Lorsque votre entreprise rencontre un ralentissement économique ou opérationnel, votre entourage peut s'agiter. Il y a beaucoup de choses que vous ne pouvez pas maîtriser pendant une crise financière, mais s'il y en a bien une dont vous avez le contrôle, c'est votre communication avec les parties prenantes qui sont importantes à la survie de votre entreprise. Il s'agit des employés, des propriétaires et des fournisseurs, mais l'une des parties prenantes les plus essentielles est votre premier créancier : votre banque ou votre prêteur. En raison de leurs droits établis dans les documents de prêt qui leur permettent de se protéger rapidement, vos prêteurs peuvent avoir un impact significatif sur vos plans de survie.

La plupart des entrepreneurs ne pensent pas à communiquer avec leur banque de façon régulière. Mais lorsque votre entreprise se trouve en difficultés, il faut que cela change. En réalité, vous voulez de l'aide de votre banque et, pour obtenir de l'aide, vous devrez partager des informations et expliquer pourquoi il est dans l'intérêt de la banque de vous soutenir dans cette situation difficile. Par conséquent, vous devez comprendre la situation du point de vue d'un prêteur. 

Instaurer la confiance

Vous ne pouvez jamais présumer que, parce que votre banque vous suit depuis cinq, dix ou vingt ans, elle continuera à vous soutenir indéfiniment, plus particulièrement sans avoir une parfaite connaissance de votre situation actuelle et de la façon dont votre entreprise va traverser les moments difficiles. Beaucoup d'entrepreneurs supposent que leur prêteur est un partenaire commercial, alors qu'en réalité, votre banque est un prestataire de services/créancier faisant l'objet de contrôle strict de la part du gouvernement. Les banques sont tenues de faire des prêts judicieux qui assurent un bon rendement de l'actif, qui sont remboursés en temps opportun et qui présentent un faible risque de défaut. Ceci est réglementé par des lois fédérales et gouvernementales sur les prêts et examiné régulièrement par des organismes de réglementation. De ce fait, les banques n'ont pas la latitude pour laisser simplement passer les mauvais résultats sans agir.

Une entreprise en difficulté devra joindre sa banque le plus rapidement possible dès qu'un problème est détecté. Il est capital d'analyser le problème, mais si vous avez besoin de temps, il est préférable d'informer rapidement du problème en demandant davantage de temps pour l'examiner que de se taire. Les banques détestent être surprises ! Donc, plus la communication se fait rapidement, mieux c'est. En outre, en période de difficultés financières, ne pas être totalement sincère avec votre banque peut être fatal à votre entreprise. Faire preuve de transparence concernant toutes les nouvelles, au fur et à mesure qu'elles arrivent et qu'elles soient bonnes ou mauvaises, permet des discussions franches et ouvertes qui vous aideront à instaurer la confiance avec votre banque. Établir la confiance créera ou renforcera une relation à long terme.

À l’inverse, le fait de ne pas communiquer tôt les problèmes risque de miner la crédibilité que vous aviez auprès de vos prêteurs. Lorsque de mauvaises nouvelles sont révélées plus tardivement, votre banquier pensera probablement que vous lui aviez volontairement caché, auquel cas vous seriez perçu comme quelqu'un de malhonnête ou incompétent, voire les deux. La communication qui instaure la confiance doit se trouver au cœur de la relation.

Généralement, dès qu'une entreprise est en défaut par rapport à son prêt (que ce soit en conséquence de défauts de paiement ou d'intérêts impayés, ou en cas de non-respect des ratios financiers dans le cadre de la structure du prêt), un prêt peut être mis sur une liste de surveillance et le prêteur le surveillera plus étroitement. Dès qu'une banque a identifié un prêt comme étant un problème, le prêt est exposé à un nouvel ensemble d'exigences en matière de politiques et de réglementations. Certaines banques transfèrent les prêts problématiques à des départements spécialisés, parfois appelés « Actifs particuliers » ou « Groupe de sauvetage financier », pour gérer. Les banquiers spécialisés dans le sauvetage financier sont tenus non seulement de recouvrer les prêts, mais aussi de réduire l'exposition globale au risque de la banque à une entreprise en difficulté financière. Anticiper ce que les banquiers spécialisés dans le sauvetage financier analyseront et connaître les problèmes qui influenceront leurs décisions est essentiel pour que l'entreprise et ses professionnels résolvent les éventuels objets de litige avant qu'ils ne se transforment en urgences opérationnelles.

Si votre prêt est transféré au département de sauvetage financier, vous devez rencontrer l'agent de ce service en charge de votre compte le plus vite possible. Vous devrez élaborer un plan d'affaires détaillé et des projections sur la façon dont l'équipe de gestion enrayera l'hémorragie pour redresser la société et présenter ces éléments lors de votre rendez-vous. Sachez précisément quelle est votre situation financière et soyez prêt à étayer les ventes et dépenses que vous envisagez à l'aide d'informations concrètes et d'hypothèses détaillées. Si votre banquier est inquiet et que vous ne lui fournissez pas les faits détaillés de la situation, il comblera le vide avec ce qu'il imagine être la vérité, en faisant ses propres interprétations et ses propres projections, qui seront probablement pires que la réalité.

Solliciter l'aide d'un tiers

Les conseillers financiers déplorent depuis longtemps le fait que les banques attendent toujours trop longtemps pour s'impliquer dans le processus visant à aider les emprunteurs en difficulté. Les emprunteurs sont généralement à court de deux ressources principales : le temps et le fonds de roulement. Plus vite les conseillers interviennent, plus ils ont de temps pour remédier à ces lacunes et pour vous aider à élaborer un plan de restructuration. Cette aide fournie par une société tierce profite aux banques à court et à long terme. Les conseillers peuvent vous empêcher, en tant qu'entrepreneur, de répéter les mêmes erreurs ou les mauvaises habitudes qui sont à l'origine même de la crise. L'analyse financière effectuée par un tiers ne donne pas seulement une meilleure impression de votre entreprise à la banque. Elle donne lieu aussi à de nombreuses recommandations que vous pouvez mettre en œuvre pour redresser la société.

L'entreprise doit, au moins, préparer une présentation pour la banque qui reprend en détails la situation actuelle. Cet exposé inclura la façon dont vous allez renverser la situation de l'entreprise et payer la banque. Les informations que vous fournissez permettent au banquier de mieux comprendre vos problèmes spécifiques et la façon dont vous y faites face. En général, un banquier soumettra votre présentation à la commission des prêts pour prouver à ses supérieurs que votre entreprise prend le problème à bras-le-corps. C'est ici l'occasion pour l'entreprise de contrôler le discours qui sera transmis aux décisionnaires de la banque, plutôt que de compter uniquement sur la version transmise ou imaginée par l'employé de banque. Le plan de restructuration doit être validé et appuyé par la banque. Sans le soutien de la banque, votre entreprise a très peu d'options disponibles dans une situation de crise.

Ne vous contentez pas d'envoyer la présentation par email à votre banquier. Fixez un rendez-vous pour lui expliquer en personne votre plan détaillé. Incitez-le à poser des questions. Cette rencontre est essentielle pour que le prêteur voie que vous essayez de trouver une solution pour toutes les parties prenantes et que vous n'oubliez pas le droit de la banque à être remboursée. Une fois le plan accepté par votre banque, il est crucial de maintenir une communication. Dans les situations de crise, vous devez appeler ou rencontrer la banque tous les mois pour la tenir informée de votre évolution ou de tout contretemps par rapport au plan.

Il est important qu'une entreprise ou un emprunteur comprenne que les banques ne peuvent pas jouer le rôle d'un bailleur de fonds et qu'elles refuseront de le faire. Ce n'est pas le risque qu'elles ont accepté lorsqu'elles ont accordé le prêt à votre entreprise. De même, la saisie n'est pas, en général, la première option. En effet, cela accroît généralement la perte et fait également naître des risques juridiques potentiels pour la banque. Cette dernière attend de vous que vous apportiez une solution qui montre la façon dont le prêt sera remboursé. Si ce n'est pas le cas, la banque pourra vous demander de recueillir et de lever des fonds afin de rembourser le prêt ou de vendre des parts de votre entreprise, quelle que soit la perte, afin de réunir des liquidités. Il est important que vous élaboriez un plan réaliste pour rembourser votre banque.

Il est également crucial qu'une entreprise réagisse aux signes de sous-rendement ou de difficultés de façon proactive, au risque de se voir imposer une solution non optimale par le prêteur. Les prêteurs doivent avoir une totale confiance en l'équipe de gestion et en sa capacité à piloter le plan de redressement et à exploiter l'entreprise à l'avenir.

Un conseiller en redressement devra être engagé relativement tôt, même si les dirigeants de l'entreprise ont une expérience réelle en la matière. Des conseillers externes apportent un nouveau regard et sont formés à la gestion et au conseil dans les situations de crise. Il est toujours nécessaire d'avoir une analyse nouvelle et impartiale pour résoudre véritablement un problème inextricable. Un conseiller indépendant renforce considérablement la crédibilité de votre plan et la confiance du prêteur en son exécution et en son succès final. Tandis qu'il se peut qu'un entrepreneur soit réticent à l'idée de se faire aider, considérant qu'il s'agit d'une dépense futile ou cédant simplement à l'égo de la société, un conseiller principal en redressement peut apporter un aperçu sage, un point de vue externe et des connaissances spécialisées qui peuvent renforcer le soutien apporté aux clients, aux fournisseurs et, évidemment, au prêteur. Les emprunteurs en situation de prêt particulièrement difficile ont perdu leur crédibilité quant à leur capacité à résoudre les problèmes ou à respecter les délais promis à la banque. En outre, les conseillers en redressement ont beaucoup plus d'expérience dans l'exécution réussie des plans une fois formulés. La banque accueillera favorablement le recrutement d'un conseiller en redressement en cas de difficultés car les conseillers apportent un nouveau regard et sont formés à la gestion et à l'accompagnement en situations de crise.

Une communication claire et précise pendant une crise est essentielle pour parvenir à naviguer en eaux troubles. La communication au prêteur doit se faire précocement, en exposant les faits détaillés le plus vite possible et l'analyse qui en découle aussitôt qu'elle puisse être faite, avec précision. Dans ces circonstances, un conseiller impartial peut faire la différence dans la survie d'une entreprise en ajoutant de la crédibilité grâce à de meilleures solutions et à une confiance en l'exécution renforcée chez les parties prenantes.

Les éléments à présenter à la banque

La présentation d'une entreprise doit inclure un résumé analytique/un aperçu global détaillant la cause de la baisse des performances, une étude des alternatives stratégiques et un plan de redressement détaillé, étayé par les éléments suivants :

Aperçu opérationnel et financier 

Fournissez les détails opérationnels et financiers de la société, en identifiant toutes ses difficultés, qu'elles soient d'ordre financier, opérationnel ou managérial. Vous pourriez être surpris de la faible connaissance qu'a votre prêteur de votre entreprise, même si votre banque est votre prêteur depuis des années. Lorsqu'une entreprise est en difficulté, la banque pose un regard neuf sur l'entreprise, en y prêtant une bien plus grande attention. Il peut également y avoir un nouveau banquier, spécialisé dans les sauvetages financiers, affecté à votre compte et cette personne ne connaîtra pas votre entreprise aussi bien que votre ancien agent chargé du prêt.

Mise à jour du marché

Informez votre banquier sur le secteur et sur les performances attendues de votre entreprise sur le marché et par rapport à ses concurrents.

Performances financières actuelles

Concentrez-vous sur les performances mensuelles et depuis le début de l’année, comparées au budget et à la période correspondante de l'exercice précédent. Fournissez des prévisions financières pro forma détaillées par mois et par trimestres pour les 12 à 24 prochains mois, notamment : bilan, compte de résultat, décomptes et conformité par rapport au contrat ou accords suggérés ; disponibilité de renouvellement du fonds de roulement et un plan pour honorer la dette de la banque. Les prévisions doivent prévoir un scénario optimiste et un scénario pessimiste. Elles doivent être étayées par des hypothèses clés qui sont réalistes. Ce n'est pas le moment d'être exagérément optimiste. Soyez réaliste.

Initiatives de réduction de coûts

Intégrez les détails des initiatives de réduction des coûts, tels que les réductions d'effectifs, les ventes de sites, la réduction des achats de stocks et la diminution des salaires.

Prévision du flux de trésorerie à 13 semaines

Il s'agit d'un outil permettant de contrôler la trésorerie, qui peut également être utilisé comme raconteur d'histoires pour votre banque. La banque reconnaîtra les effets positifs des efforts de réductions des coûts ainsi que l'augmentation du montant des recouvrements de créances et votre capacité à financer les opérations actuelles.

Garantie

Fournissez un bilan chronologique et des mises à jour des montants des recouvrements de créances, des soldes en souffrance, des niveaux des stocks et des achats. Évoquez toutes les répercussions sur la disponibilité du crédit renouvelable liée aux niveaux de garantie et aux performances attendues.

Dépenses en capital

Décrivez le montant des dépenses nécessaires pour maintenir l'équipement existant par rapport au montant nécessaire pour augmenter ou maintenir les niveaux de ventes.

Comptes créditeurs

Identifiez les principaux fournisseurs, la capacité de l'entreprise à payer ses fournisseurs dans les délais, les problèmes ou soucis d'impayés ou si l'entreprise a été mise en contre-remboursement avec l'un de ses fournisseurs.

Plan privilégié

Fournissez les détails sur le plan de restructuration privilégié, avec les points de repère importants ainsi qu'une liste de toutes les possibilités de restructuration actuelles. Détaillez ces options, qui peuvent inclure le refinancement de la dette de la banque, la vente d'une division, la vente de l'entreprise, la levée de fonds ou une combinaison de ces éléments. Fournissez une chronologie au cours de laquelle ces occasions pourraient se produire ainsi qu'une liste des obstacles éventuels pour les atteindre.